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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 19:14

Je crois vous avoir déjà communiqué ce texte; il gagne peut-être à être relu et médité dans ces temps :

où on dénigre tant l'accouchement à domicile (en empêchant les sages de pouvoir faire un réel suivi professionnel à domicile puisqu'on leur demande de payer une assurance démentielle (plus de 20.000 euros!) si elles souhaitent faire des accouchements à domicile; certaines n'hésitent pourtant pas à en faire, à leurs risques et périls plutôt que ceux de la mère et de l'enfant)

où on traîne vraiment les pieds pour ouvrir de VRAIES Maisons de Naissance et même on met des obstacles absurdes pour mettre en place des plateaux techniques (il s'agit alors d'une maternité, publique ou privée qui permettrait, sous convention, à la sage-femme libérale qui a suivi le couple pendant la grossesse de venir assurer la naissance en milieu hospitalier... assurant ainsi un vrai accompagnement global, si rassurant et favorisant de meilleurs chiffres sur les risques autour de la naissance)

Ne rêvons pas, rien de tout cela n'est à espérer dans notre région!

Et pourtant... de plus en plus de couples ayant eu un enfant voici 4 ans, 3 ansmais parfois seulement 2 ans et en ayant un nouveau de nos jours, me disent que les conditions d'accueil, de prise en charge médicales mais surtout humaines, l'accompagnement et le soutien ont changé en très peu de temps, qu'ils ont bien vu que les équipes faisaient tout ce qu'elles pouvaient mais qu'elles étaient débordées...

le recours à la (sur)médicalisation est plus fréquent, le recours quasi systématique à la péridurale (surtout après avoir bien mis dans la tête des femmes qu'elles ne seront pas capables de s'en passer) et parfois abusif (une péri à 9 cm? ou même posée AVANT d'avoir examiné la femme!) ne fait pas que soulager la femme (une présence humaine, encourageante peut être parfois tout aussi antalgique car stimulant ocytocine et endorphines) elle "soulage" aussi la sage-femme lui permettant pendant que le travail est plus long (mais la femme plus calme) de s'occuper d'autre chose (quoi par exemple? informatique, papiers à remplir...avons-nous fait 5 ans d'études pour ça?) et des autres femmes qui patientent...

 

Je crois que c'est à chacun mais surtout à CHACUNE de nous de faire acte de citoyen(ne) d'adultes responsables et de réfléchir à comment nous les femmes voulons accoucher mais aussi et surtout à comment nous voulons que nos enfants naissent...

"Marie, accouche là" est le nom d'un blog

 

 « Si je n’avais pas accouché à l’hôpital, je serais morte et mon bébé aussi ». Ah bon ?

Posted: 23 Sep 2014 12:49 AM PDT

 

L’obstétrique repose sur une croyance : en se substituant aux fonctions physiologiques de la femme qui accouche, la médecine diminuerait les risques pour la mère et l’enfant. C’est ainsi que les femmes ont été réduites à la passivité, couchées sur le dos les pieds dans les étriers, alors que les médecins s’affairaient sur leur corps pour en extraire le bébé. Des protocoles hospitaliers de plus en plus invasifs ont été mis en place, avec l’idée qu’ils diminuaient la mortalité maternelle et infantile. Bon nombre de jeunes mères sortent de la maternité violentées et mutilées, mais convaincues qu’elles-mêmes ou leur bébé seraient morts si elles n’avaient pas subis ces assauts dans leur chair. Pourtant, en examinant de plus près les causes de décès périnataux, il n’est pas si évident que cette avalanche d’actes médicaux ait réellement contribué à la réduction de la mortalité. 

Dans mon billet « Il y a deux siècles, je serais morte en couches ». Vraiment ?, je démontrais que l’effondrement de la mortalité en couche vers 1950 était bien plus le résultat de l’amélioration des conditions de vie et des progrès de la médecine en général, que de la mise en branle d’une armada obstétricale au moment de l’accouchement. Sans surprise, les progrès réalisés depuis 1950 jusqu’à aujourd’hui reposent sur une même logique.

En 1950, la France comptait 86 décès maternels pour 100.000 naissances. De nos jours, il n’y a plus que 10 décès pour 100.000 naissances, soit huit fois moins. Ces chiffres ne se limitent pas à l’accouchement, mais englobent toute la grossesse et la période de 42 jours qui suivent la naissance. Contrairement aux idées reçues, la diminution de la mortalité s’est principalement opérée pendant la grossesse et non au moment de l’accouchement.

Dans l’immédiat après-guerre, les trois principales causes de décès étaient la fièvre puerpérale (26 décès pour 100.000 naissances), les complications de l’hypertension (22 pour 100.000) et les complications de l’avortement (17 pour 100.000). La fièvre puerpérale, si meurtrière durant des siècles, est très vite sortie des statistiques avec la généralisation complète des normes d’hygiène et d’asepsie. Les décès liés à l’hypertension visent la pré-éclampsie et l’éclampsie, c'est-à-dire des complications qui surviennent au moment de la grossesse et qui ont progressivement diminué grâce à un suivi adéquat des femmes enceintes et à une prise en charge particulière au moment de l’accouchement. Quant à l’avortement, il ne tue plus depuis 1975, à partir de l’entrée en vigueur la loi Veil qui a permis aux femmes de ne plus mettre fin à leur grossesse dans les dangereuses conditions de la clandestinité.

Paradoxalement, et contrairement au discours prônant la médicalisation outrancière comme bouclier contre la mortalité en couches, les complications fatales directement liées à l’accouchement n’ont que peu diminué au cours des 60 dernières années. Aujourd’hui, les hémorragies de la délivrance (2 décès pour 100.000 naissances) et les complications obstétricales (2,5 pour 100.000) restent les deux principales causes de décès pour les 10 femmes sur 100.000 qui vont mourir entre le début de leur grossesse et les six semaines qui suivent leur accouchement. En outre, dans ces sanctuaires protecteurs que sont sensés être les hôpitaux, plus de la moitié de ces décès sont le résultat de soins non optimaux, c'est-à-dire non conformes aux recommandations de pratiques et aux connaissances actuelles.

Néanmoins, ces décès maternels sont de nos jours extrêmement rares. Dès lors, pourquoi tant de femmes sont-elles convaincues qu’elles seraient mortes si elles n’avaient pas accouché à l’hôpital ?

L’obstétrique véhicule une conception misogyne des parturientes en considérant que les femmes sont par nature dangereuses pour elles-mêmes et leur bébé, et qu’elles sont inaptes à assurer la fonction que leur anatomie a pourtant prévue, à savoir mettre leur enfant au monde. Dès leur arrivée à l’hôpital, les femmes subissent des gestes médicaux perturbant leur accouchement. Ces gestes en appellent d’autres, provoquant ainsi, tout au long du processus, une cascade d’actes de plus en plus violents allant jusqu’à mettre en danger la femme et le bébé, pour aboutir à une naissance in extremis avec instruments tranchants et personnel médical sur les dents.

Ainsi, une arrivée en catastrophe à la maternité, puis un accueil désagréable suivi d’un toucher vaginal intrusif peuvent provoquer un stress entraînant une hausse d’adrénaline, hormone antagoniste à l’ocytocine indispensable à l’accouchement. Les contractions sont alors ralenties, ce à quoi la sage-femme de service répond par une injection d’ocytocine de synthèse en intraveineuse. Celles-ci deviennent alors violentes, rapprochées et surtout très douloureuses, laissant à peine la possibilité à la parturiente de reprendre son souffle dans l’étau qu’est devenu son ventre. L’anesthésiste est appelé à la rescousse pour poser une péridurale et apaiser chimiquement la future mère. Cet analgésique engourdit la zone du bassin, perturbant la progression du fœtus jusqu’à provoquer une dystocie. C’est alors qu’arrive l’obstétricien muni de forceps ou ventouse pour, en sauveur, extraire le bébé de force, puis à colmater tant bien que mal une hémorragie de la délivrance provoquée par les injections d’ocytocine intempestives durant tout le travail.

Un autre déroulement classique consiste à provoquer l’accouchement pour d’obscures questions de dates, ce qui entraine des contractions insoutenables exigeant l’intervention de l’anesthésiste ainsi qu’un contrôle permanent du rythme cardiaque du fœtus contraignant la future mère à l’immobilité. Ces entraves perturbent la progression de l’enfant dans les voies vaginales, tout en l’emprisonnant dans un utérus sur-stimulé. S’en suivent des signes de souffrance fœtale obligeant d’abréger en catastrophe l’accouchement au bloc opératoire par une césarienne impromptue, suivie d’une réanimation en urgence d’un bébé à l’article de la mort.

Les études démontrent que chaque geste médical dispose d’une liste d’effets secondaires et présente des risques particuliers, induisant autant de combinaisons de complications et d’enchaînements de problèmes auxquels les hôpitaux sont bien organisés pour faire face par un catalogue de gestes médicaux standardisés. C’est ainsi que les 30 dernières années ont connu une progression constante d’actes, notamment un nombre de césariennes qui est passé en France de 10% en 1980 à 20% en 2010 sans faire baisser significativement la mortalité périnatale. Inversement, dans les lieux promouvant la naissance respectée, que ce soit à domicile ou en maison de naissance, toutes données égales par ailleurs, les femmes courent quatre fois moins de risque de voir leur accouchement se terminer en césarienne, sans pour autant conduire à une augmentation du nombre de décès tant pour les mères que pour les bébés.

Et pourtant, combien de femmes ayant accouché à l’hôpital sont convaincues que la césarienne qu’elles ont subie était due à une déficience de leur corps plutôt qu’au déroulement aveugle de protocoles hospitaliers ?  Combien sont-elles à croire que les praticiens ont sauvé leur enfant en l’extrayant avec instruments de leur utérus dangereux ?

Les progrès de la médecine et de l’obstétrique permettent aujourd’hui de faire face à bien des complications fatales. Malheureusement, en troquant leur blouse blanche contre la tenue de pompiers-pyromanes, les praticiens transforment des accouchements qui se présentaient parfaitement en une succession de complications, entraînant chez les jeunes mères des séquelles au corps et à l’âme. Face à ce dévoiement des principes fondamentaux de la médecine, bon nombre de femmes ne devraient plus dire «  je serais morte si je n’avais pas accouché à l’hôpital », mais plutôt « à l’hôpital, on a failli me tuer ».

Sources :
Jérémie Belghiti, Gilles Kayem, Corinne Dupont, René-Charles Rudigoz, Marie-Hélène Bouvier-Colle, Catherine Deneux-Tharaux, « Oxytocin during labour and risk of severe postpartum haemorrhage: a population-based, cohort-nested case–control study », BMJ Open, 2011.
Marie-Hélène Bouvier-Colle, Emmanuelle Szego, « La mortalité maternelle en France depuis 1945 », La population de la France, Tome II, 2005, pp.  373-384.
Sarah J. Buckley, « Epidurals: risks and concerns for mother and baby », Mothering No.133, 2005, traduit par Stéphanie Dupras, « Les risques cachés de la péridurale (ou épidurale) ».
Association Césarine, « Evolution des taux de césarienne ».
Melissa Cheyney, Marit Bovbjerg, Courtney Everson, Wendy Gordon, Darcy Hannibal, Saraswathi Vedam, « Outcomes of Care for 16,924 Planned Home Births in the United States: The Midwives Alliance of North America Statistics Project, 2004 to 2009 », Journal of Midwifery & Women’s Health, Vol. 59, pp. 17–27, janvier-février 2014.
Rebecca Dekker, « What is the evidence for pushing positions? », Evidence Based Birth, 2012.
France Laurendeau, « La médicalisation de l’accouchement », dans Francine Saillant et Michel O’Neill, « Accoucher autrement », École des sciences infirmières, Université Laval, 1987, pp. 138 et suivantes.
Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM), « Mortalité maternelle : diminution de la mortalité par hémorragies », novembre 2013.
McCarthy F., Kenny L., « Induction of labor », Obstetrics, Gynaecology & Reproductive Medecine, volume 21, issue 1, January 2011, pp. 1–6.
James W. Mold, Howard F. Stein, « The Cascade Effect in the Clinical Care of Patients », The New England Journal of Medicine, 1986.
Marianne Philibert, Fabien Boisbras, Marie-Hélène Bouvier-Colle, « Epidémiologie de la mortalité maternelle en France, de 1996 à 2002 : fréquence, facteurs et causes », Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire n° 50, 2006, pp. 392-395.
John D. Yeast, Angela Jones, Mary Poskin, « Induction of labor and the relationship to cesarean delivery: A review of 7001 consecutive inductions », American Journal of Obstetric and Gynecology, 1998.
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