DIMANCHE DERNIER 15 OCTOBRE

Journée très riche (sans avoir joué un vendredi 13!) puisque c'était à la fois "La Grande Tétée" et la projection de ce formidable film "Le Maitre EST l'Enfant" avec un débat...

En premier donc, le film basé sur les travaux de Maria Montessori et réalisé par un nouveau père qui, observant sa fille depuis sa naissance et jusqu'à ses premiers pas a réalisé justement les capacités des enfants et est allé voir des écoles Montessori et a filmé pendant plus d'un an et demi les enfants de l'une d'elles

J'ai essayé , dans le noir, de copier des citations de Maria Montessori: pas facile! juste deux:

"Que deviendrait l'adulte si l'enfant n'était pas là pour l'aider à grandir?"

"Nous avons chacun-e notre rythme qui nous appartient en propre et nous est spécifique exactement comme notre morphotype...Vouloir en changer, vouloir en faire changer quelqu'un est une grande souffrance!"

Vous devinez toutes les résonances que cela à avec ...l'haptonomie?

Car ce qui transcende le film c'est le respect de la personne, de son rythme justement, c'est l'écoute et l'observation  bienveillantes et très fines, c'est l'empathie, c'est l'accompagnement discret mais soutenant dans l'autonomie...Et vous l'avez compris, cette personne dont il s'agit c'est l'enfant bien sûr mais aussi l'adolescent, l'étudiant, le soigné (et le soignant!) la personne malade, handicapée ou âgée...

Ceci pour faire lever des doutes ou ôter des regrets: car quand on parle "Montessori" on parle surtout écoles (ou crèches!) on déplore qu'elles soient peu nombreuses et souvent hors contrat de l'Etat  (= non subventionnées) donc assez coûteuses, donc réservées aux gens "ayant les moyens" ou prêts à faire de (gros) sacrifices et même cela n'est pas possible pour tout le monde...On parle surtout locaux, matériels, jeux (assez coûteux eux aussi) Bref ça ne serait donc pas à la porter de n'importe qui???? Mais si voyons, car si on focalise là dessus on laisse de côté l'essentiel de la "méthode" (déjà le mot est peut être suspect) l'essentiel qui est dans la PHILOSOPHIE (encore un gros mot!) dans les valeurs évoquées plus haut ...valeurs que nous pouvons intégrer en tout ou partie dans notre vie de tous les jours, de parents bien sûr, d'éducateur-trice ou d'enseignant)e, de soignant-e, de simples citoyen-ne-s. Valeurs qui peuvent nous aider à prendre un peu de recul sur ce qu'on nous enseigne (et la façon dont on le fait) sur ce qu'on veut nous imposer et qui peuvent nous faire changer aussi dans notre vie

Car j'oubliais un des aspects de cette "méthode" : c'est la construction de la CONFIANCE et de l'ESTIME de soi...Nous en sommes loin dans notre société mais nous pouvons donc apporter de modestes contributions à faire changer les choses

Je rajoute aussi pour consoler les déçu-e-s qui n'ont pas pu venir dimanche: la salle était archi pleine (des parents que je connaissais, des collègues etc), ce film va rester à l'affiche assez de temps pour que le maximum de gens puissent le voir! Vous aurez juste raté le débat fort intéressant pourtant

Et pour finir, je lance un appel: Qui aurait des bouquins de Maria Montessori à me prêter?

Comments

[julie sarly]

Merci Irène pour ce beau résumé. Ton analyse est tout à fait juste et , comme toi, j'encourage un maximum de personnes à aller voir ce superbe documentaire, dont le titre en dit déjà long sur le contenu. En effet, l'approche "montessorienne" de l'enfant s'apparente avec l'haptonomie dans le sens où l'on permet à l'enfant de grandir en lui laissant toute sa place et en respectant ses choix. Cet accompagnement demande à l'adulte de se mettre en retrait pour n'intervenir que lorsque c'est vraiment nécessaire. Le lâcher-prise est au centre de cette approche. Faire confiance à l'enfant en est la base. L'observation en est le mot-clé. Maria Montesssori, une très grande dame, nous a transmis, à travers ses écrits (dont je peux te prêter quelques éléments, Irène), combien il est important de respecter le rythme naturel de chaque enfant afin qu'il acquiert estime et confiance en lui. A chaque étape son développement, l'enfant va traverser ce que M.M. a appelé des "périodes sensibles", qui durent chacune 6 années, durant lesquelles l'enfant va avoir des besoins particuliers :
- de 0 à 6 ans (petite enfance) : l'âge du Moi, "Aide-moi à agir par moi-même", besoin d'indépendance physique , de mouvement, de langage, d'ordre et sensoriel.
- de 6 à 12 ans (enfance) : l'âge Moral, "aide-moi à raisonner par moi-même et à découvrir le monde", besoin d'indépendance intellectuelle, abstraction, imagination, culture, esprit mathématique, sens moral, sens social.
- de 12 à 18 ans (adolescence) : l'âge social, "aide-moi à m'insérer dans la société", besoin d'indépendance sociale, acceptation, faire partie d'un groupe, responsabilités, communication.
- de 18 à 24 ans (vers la maturité) : l'âge politique , "aide-moi à m'engager", besoin d'indépendance financière, d'engagement (vie sociale, conjugale, professionnelle).
A chaque période correspondra donc un type d'école : dans la petite enfance, c'est le cercle familial qui sera le mieux adapté, ou une école, comme la Maison des enfants (Montessori) où l'enfant va évoluer dans un environnement préparé dans lequel il va pouvoir faire des choix (choisir sa place, son matériel, la durée de ses activités).
Entre 6 et 12 ans, une école ouverte sur le monde, entre 12 et 18 ans, un collège/lycée où l'adolescent va pouvoir découvrir le monde socio-économique à travers des responsabilités (l'internat est très adapté cette période) et enfin, entre 18 et 24 ans, une école ouverte sur la vie professionnelle.
Dans le documentaire d'Alexandre Mourot, on aperçoit déjà les prémices de l'approche montessorienne de l'enfant dans la "Maison" (dans le documentaire, un enfant va voir le maître et lui dit : "Christian, j'adore ta classe!" et Christian Maréchal lui répond "tu sais, ici c'est ta maison"), qu'est une classe maternelle, et à quel point, dès lors que l'adulte n'entrave pas le développement naturel psychomoteur de l'enfant, il devient rapidement autonome, enthousiaste, confiant...On peut dès lors imaginer que les enfants qui bénéficient d'une telle approche deviendront des adultes indépendants.
cette éducation a pour objectif de préparer l'enfant
pour la tâche qui l'attend dans sa vie d'adulte,
de façon à ce qu'il se sente à l'aise dans son propre environnement
dans lequel il lui faudra vivre, plus tard, comme un être indépendant."
Maria Montessori (1870-1952)
cette éducation a pour objectif de préparer l'enfant
pour la tâche qui l'attend dans sa vie d'adulte,
de façon à ce qu'il se sente à l'aise dans son propre environnement
dans lequel il lui faudra vivre, plus tard, comme un être indépendant."
Maria Montessori (1870-1952)
Je terminerai ce loooong commentaire par une citation de M.Montessori : "Cette éducation a pour objectif de préparer l'enfant pour la tâche qui l'attend dans sa vie d'adulte, de façon à ce qu'il se sente à l'aise dans son propre environnement, dans lequel il lui faudra vivre, plus tard, comme un être indépendant."

[irene.marraine]

Un grand Merci Julie pour ce beau et rapide commentaire apportant de précieux compléments à ce que j'ai pu écrire...Très intéressant ce que tu dis sur "les périodes sensibles"
Oui je suis partante, pour t'emprunter un livre, un de ces jours...
Non, ton commentaire n'est pas trop long tant il est riche d'informations (il y a une répétition de citation à la fin que je n'ai pas réussi à supprimer mais peut être est il bon de (se) la répéter plusieurs fois?
J'aimerais rajouter une chose que tu pourras me confirmer: il y a des enseignant-e-s qui ont reçu la formation Montessori et qui travaillent dans une école "classique"...
D'autre part, si un enfant grandit très tôt (même avant sa naissance!) dans la confiance et l'estime de soi, il pourra plus facilement (même s'il saura contester!) "s'intégrer" dans une formation plus... classique
Et enfin: les écoles Montessori accueillent des observateurs-trices et cela peut être très intéressants