Après des pères qui font du peau à peau au Kenya, restons en Afrique avec la naissance d'un bébé peul...
Vous noterez les objets de fête différents s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille (!!) le repos que prend la mère et l'obéissance que l'enfant doit à sa mère...beaucoup plus qu'au père!...normal puisque la mère est un ATELIER DIVIN
Chez les peuls, le premier-né d'une femme est mis au monde chez la mère de celle-ci, et les suivants naissent chez leur père, en présence des femmes seulement.
La semaine qui suit la naissance du bébé, la mère et l'enfant restent dans la case à cause de l'état de faiblesse de la mère, pour éviter à l'enfant d'être exposé, le temps que cède le cordon ombilical, et en plus en pays Khassonkê, le clan des Sidibé ne doit pas apercevoir de Djibato (une femme nouvellement accouchée)
Le père informe ses beaux-parents de sa nouvelle paternité par l'envoie d'un paquet de noix de cola et d'argent
Une semaine, jour pour jour, après la naissance, a lieu l'imposition du nom.
Le père dit le prenom qu'il donne à l'enfant, au cours de la cérémonie du fembugal (raser la tête) ou innugol (nommer), communément appelée Dein'na'bö
Généralement, c'est le père qui choisit le prénom du nouveau-né, mais diverses raisons peuvent motiver son choix
Avant d'être islamisés, les peuls portaient des prénoms selon leur ordre de naissance
Pour les garçons:
1er Sara
2e Samba
3e Yero
4e Pathé...
Pour les filles:
1e Sira
2e Penda
3e Goulo
4e Dyiba...
Avec l'islamisation, ils ont adoptés et adaptés
des prénoms musulmans comme Amadou (Ahmed), Mamadou (Mohamed), Djenabou (Zenab), Fatoumata (Fatima)..., tout en conservant certains prénoms peuls accolés à des circonstances comme:
Mamadou Bhoyi (Mamadou qui à retardé), la mère ayant eu des enfants tardivement
Mamadou Djouldé (Mamadou né un jour de fête)
Mamadou Oury (Mamadou vivant) attribuée à l'enfant dont tous les frères et soeurs ont péri successivement en bas âge afin de lui assurer longue vie
Mamadou Djan (Mamadou du bonheur)
Fatoumata Malaxo (Fatoumata l'élue)....
Des prénoms dérivés des statut comme:
Alpha de Alphadjo (lettrés), Karamoko de Karamokodjo (professeur),Almamy de Almamydjo (dirigeant) Baïlô de Baïlôdjo (forgeron)...
Les jumeaux considéré comme signe de bénédictions divine reçoivent 2 noms appareillés:
Al Hassane - Al Husseyni
Mamadou - Mamoudou
Saïdou - Sadou
Houssay - Hassanatou....
Le jour de la cérémonie qui exprime la reconnaissance de paternité du nouveau-né Sanfa (prénom provisoire). Les parents de l'enfant ayant pris éventuellement l'avis des parents paternels ont décidés du prénom de l'enfant en secret
Les sages du côté du père en accord avec ceux de la mère désignent un Karamoko pour procéder au sacrifice d'un bélier ou une chèvre (le boeuf sacrificiel) selon le sexe du nouveau-né
Les « mères » coupent les cheveux de l'enfant : une femme, désireuse d'avoir des enfants, se lave avec l'eau qui a servi à la coupe des cheveux, met le bébé sur son dos, lui met un turban blanc et suivit du cortège, des femmes, font 3 fois le tour de la case où à lieu le "fembugal" avec un arc, un sabre et une ardoise d'écolier dans les mains, si c'est un garçon ; et 4 fois, si c'est une fille, avec une cuillère, un fouet à sauce et une puisette, des morceaux d'étoffe, des lefas (vannerie circulaire servant à couvrir les calebasses) et des calebasses...
Au moment où le Karamoko égorge l'animal, il murmure le prénom de l'enfant en ces termes "ismuhu boobo on wiaama kaariijo", c'est-à-dire "cher bébé vous êtes nommé untel"
Après avoir fait circuler dans l'assemblée réunie pour la circonstance le nom de l'enfant est inscrit sur un papier, les awlubhê ou griots reprennent solennellement à haute voix le prénom du bébé en souhaitant que Dieu protège le bébé
C'est alors que le festin et les réjouissances peuvent commencer
Les griots quant à eux accompagnent ces festivités aux sons de leurs instruments et par des déclamation louangeuses
Le jour même de la cérémonie une délégation doit apporter aux beaux-parents une partie de la viande, des colas, des nattes et des cordes pour attacher les bêtes ou l'équivalent en argent
En retour, cette délégation reçoit des beaux-parents des plats de riz en symbole de respect
Cet échange de dons appelé "futu" marque la consolidation des relations entre les deux famille
Pour un premier-né, l'accouchée reste quelques semaines chez sa mère qui lui apprend à tenir et à soigner son enfant.
Jusqu'à 7 ans pour le garçon, jusqu'au mariage pour la fille, la mère est la gardienne et l'éducatrice normale des enfants (ne'uɗo)
Dans l'enfant peul (Amkoullel), Hampathé Ba nous rappelle que:
« Un enfant Peul grandira dans une double fidélité :
_à un véritable code de l’honneur (le poulaakou)
_et à un total respect de la volonté maternelle.
Un peul peut désobéir à son père, jamais à sa mère. La règle est absolue. »
L’homme, dit-on chez nous, n’est qu’un semeur distrait, alors que la mère est l’atelier divin ou le créateur travaille directement, sans intermédiaire, pour former et mener à maturité une vie nouvelle
Et comme dit l’adage Malien: « Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous le devons 1 fois seulement à notre père, mais 2 fois à notre mère »
Néanmoins, « En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement.
C’est pourquoi, lorsqu’on veut honorer quelqu’un, on le salue en lançant plusieurs fois non pas son nom personnel (ce que l’on appellerait en Europe le prénom) mais le nom de son clan : « Bâ ! Bâ ! » ou « Diallo ! Diallo ! » ou « Cissé ! Cissé ! » car ce n’est pas un individu isolé que l’on salue, mais, à travers lui, toute la lignée de ses ancêtres. »