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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 13:46

Je ne connais ni cette page "Polyvalence", ni ses publications appelées "Fanzines"...mais je viens de recevoir ces textes et même s'ils n'ont aucun lien direct avec la formation que j'ai suivie et dont je vous ai déjà parlé, je les trouve assez intéressants et pense que certains pourraient faire écho chez vous...

Je souhaite une bonne rentrée à toutes et tous, grand-e-s, moins grand-e-s, petit-e-s et tout-petit-e-s...Mon tour arrive!

 

Voici des extraits des témoignages du prochain fanzine à paraître, « Maternité et sexualité ». Il sortira à la fin du mois (avec un peu de bol et beaucoup de boulot). Merci à toutes les personnes qui ont participé à son élaboration, c’était intense et long .

Pour commander les fanzines déjà parus, c’est par ici : 
https://bit.ly/2Y7FOm4

Il s'agit en vérité de livres : recueils témoignages + annexes (entretiens, informations, lexique, bibliographie...), le terme fanzine est désormais complémentent à côté de la plaque, mais que voulez-vous, on ne change pas une équipe qui gagne !

Pour soutenir l’asso (bonne idée !), c’est par là : https://bit.ly/32kX8mH

Tan

***

Témoignage 1, extrait :

"Lorsque j'ai demandé à l’anesthésiste si j’allais m’en sortir, sa réponse était en demi-teinte. Mes paupières se sont fermées. J’ai cru que c’était la dernière fois. Le dernier visage que j’allais voir ne serait pas celui des deux hommes de ma vie. Ce serait celui de cette anesthésiste pas capable de me rassurer. Et en fait, vous savez quoi ? Je ne suis pas morte ! J’ai été opérée, puis transfusée, et je vais relativement bien depuis. Bien que fatiguée.

Mais voilà, depuis je n’ai pas de libido, ou presque. On dit que les enfants sont l’inconscient de leur mère. On dit aussi que les enfants font ressortir nos blessures les plus anciennes. On dit plein de conneries. Mais ouais, cet accouchement, cette nouvelle maternité, ça a fait rejaillir cette angoisse du viol qui m’a toujours habitée, ce petit mal de dos qui appartient à la lignée de femmes dont je suis issue. De l’inceste, de la pédophilie. Voilà ce qui remplace mes pensées érotiques. Moi je suis perdue dans ce tourbillon."

- Sarah

***

Témoignage 2, extrait : 

"La sexualité après la maternité n’est pas une simple affaire de corps qui doit se remettre du traumatisme de l’accouchement. Il est au-delà de la question purement physique. Plus qu’un problème physiologique, le sexe est avant tout un état d’esprit. Il faut que la femme recouvre son envie, son désir pour que le sexe dans le couple soit consenti et non subi. On nous propose une rééducation périnéale après l’accouchement, mais quand nous proposera-t-on une consultation psychothérapeutique ? Que la mécanique fonctionne de nouveau ne concorde pas systématiquement avec le désir retrouvé. Il ne faut jamais minimiser l’impact de la fatigue et du changement de rythme de vie qu’impose la venue d’un enfant. Mais, outre cela, jamais on ne nous parle de l’image de soi, de l’image que la femme a désormais d’elle. Accepter son nouveau statut de mère, mais aussi son nouveau physique, ce corps qui a vu tant de changements en un temps si court."

- Gallïane

***

Témoignage 3, extrait : 

"Juste après mon premier accouchement, j'ai eu la surprise de garder un ventre rond. Comme je n'avais pas pris de kilos sur la balance, j'étais plus mince qu'avant la grossesse, une fois le bébé et son attirail sortis de mon ventre. Comme j'allaitais, mes seins étaient gonflés. Juste après mon premier accouchement, ma silhouette me plaisait. Je me sentais vraiment sexy. Mes cheveux sont tous restés, et avant d'atteindre le seuil de nuits hachées qui ternit mon teint, j'étais vraiment une sexy mama !

Trois jours après l'accouchement, malgré une douleur due à une déchirure du périnée (pour éviter cela, j'ai accouché dans ma position favorite les deux fois suivantes, en changeant de maternité), ma libido était très très haute. Je me sentais forte, accomplie, ma silhouette était sexy. J'avais besoin de jouir. J'étais encore à l'hôpital et je me suis débrouillée seule pour me faire plaisir.

En fait, je n'ai parlé à mon partenaire et père de mes enfants que bien plus tard de cette masturbation.

Quelques semaines plus tard, je pense que c'était trois semaines après la naissance, j'avais à nouveau envie de relations sexuelles. La pénétration n'était pas possible pour moi, car j'avais mal du fait des points de suture, et en plus, j'imaginais mon vagin dilaté, ce qui me freinait sur cette pratique. Pour autant, nous avons eu des relations sexuelles satisfaisantes pour nous.

Après les deux autres grossesses et accouchements, ma libido est revenue aussi rapidement, quelques jours après la naissance du bébé. J'ai souvent utilisé la masturbation pour me satisfaire, étant donné que la fatigue et la logistique impliquant de jeunes enfants ne nous permettaient pas toujours d'être synchrones sur nos désirs. J'ai parfois freiné un peu sur la stimulation de ma poitrine, car j'allaitais, et par moments, je n'avais plus envie qu'on me touche les seins de la journée.

J'ai quand même voulu solliciter mon partenaire plus souvent, et environ au même moment, j'ai découvert la notion de consentement. Une fois que j'ai pris conscience de cette notion de consentement et de son importance, j'ai cessé de solliciter mon partenaire quand j'en avais très envie. Je sais pertinemment que sa libido est moins élevée que la mienne. J'ai donc traversé une période de plusieurs mois sans rapports sexuels autres que la masturbation. J'ai été très frustrée et j'ai fini par avouer à mon partenaire que j'avais besoin de plus de sexe."

- MG

***

Témoignage 4, extrait : 

"Tout ce temps, elle était là, au creux de moi. Elle était dans mon ventre, les jours où je me masturbais, les jours où je criais « plus fort, encore plus fort ! ». Au début, ça fait tout drôle. Et pour l’autre, parfois ça déconcentre. Pourtant, durant cette grossesse, j’étais comme hypersexuelle. Tout me ramenait à mon corps, à mon sexe, à mes seins qui gonflaient. Et si mon compagnon oubliait parfois la femme derrière tout ce ventre, moi, je me suis refusée à m’effacer. Enceinte ou pas, j’ai suivi mon plaisir, avec ou sans lui.

Cet accouchement fut difficile et ma fille est née après une épisiotomie pratiquée sans mon accord. Je me rappelle avoir dit non, avoir promis que j’allais pousser plus fort... En rentrant chez nous, mon compagnon a suggéré que je regarde cette cicatrice. Il a vu comme j’en avais peur. Je me suis sentie balafrée. À son tour, il a regardé et a eu les mots les plus rassurants qui soient, pas de dégoût, pas de peur ni de gêne. Il avait un regard de désir, comme d’habitude quand il voit mon sexe et c’est là qu’il m’a caressée pour la première fois depuis l’accouchement. Nous avons tous les deux apprivoisé cette cicatrice. Huit jours après l’accouchement, nous faisions l’amour. Pas par injonction, mais parce que de nouveau mon corps était plein de désir et j’ai joui comme rarement."

- Élodie

***

Témoignage 5, extrait : 

"Mon enfant est né. Une déchirure périnéale et quelques points dont la douleur est plus vive dans mes souvenirs que l’accouchement sans péridurale. Corps maternel qui nourrit, berce et câline. Corps sexuel en jachère pour de longs mois. Mais vient le jour où la déchirure n’est plus que vague cicatrice et où l’enfant quitte la chambre parentale pour la sienne. Et la sexualité revient comme un pensum, passage obligé à l’opération de maintien de la paix.

Un jour, j’ai pris l’appareil photo. Je ne sais pas comment, ni pourquoi. Et j’ai pris des photos de moi. J’ai approché ce corps presque étranger et j’ai récupéré des bouts de moi. J’ai essayé de les faire tenir ensemble. J’ai commencé à exister en dehors du regard et de la présence de ma mère, de l’autre et de mon enfant. J’ai regardé les photos des autres et je me suis souvenue que j’étais bien. J’ai à nouveau éprouvé du désir. Mais tout est resté dans ma tête, je ne savais plus faire.

Et comme je me reconstruisais, je me suis séparée. Séparée de l’autre, qui m’avait tellement mangée que je n’existais plus.

J’ai alors remis mon corps en jachère pour de longs mois. Pour toute la vie, croyais-je. Puis, je l’ai apprivoisé. Seule. Quand je me suis retrouvée j’ai laissé à d’autres le droit de m’approcher. J’ai repris le contrôle sur ma vie, mon corps et ma sexualité.

Je suis heureuse."

- M.

***

Témoignage 6, extrait : 

"Enfant, la sexualité de mes parents, de ma famille, m'était souvent imposée de façon assez violente car mon besoin de pudeur n'était pas respecté (exposition à la nudité, conversations très déplacées alors que j'étais encore très jeune, etc). Ainsi, j'ai toujours eu une attitude ambivalente vis-à-vis de ma sexualité : envie, mais mal à l'aise en même temps. Je n'avais pas appris qu'on pouvait réellement être femme maternante et sexuelle en même temps, et les magazines féminins qui traînaient chez mes parents ne m'aidaient pas : au contraire, j'y ai surtout appris qu'une femme doit penser mais pas trop, jouir, mais pas trop, aimer, mais pas trop.

En devenant mère physiquement (grossesses, accouchements, allaitements), je me suis mise à accepter mon corps, mon animalité. Et ma sexualité de façon plus entière."

- Piasummers

***

Témoignage 7, extrait : 

"La sexualité débridée des femmes enceintes n’est peut-être qu’une norme de plus, fondée sur on ne sait pas trop quoi. Je n’ai pas besoin de ça pour que ma grossesse soit épanouissante. Mon corps est tourné vers autre chose, c’est tout. D’autant que j’ai pu remarquer que les questions de sexualité et de grossesse semblent totalement taboues : à part quelques paragraphes dans divers manuels, et cette idée persistante que la femme enceinte est forcément chaude comme une baraque à frites, je n’ai pas trouvé grand-chose. Peut-être un peu de mécanique censée nous rassurer (non, faire du sexe, sauf pratiques particulièrement physiques, ne va pas faire de mal au bébé), mais rien sur le désir, l’absence de désir, l’évolution du corps et du rapport que l’on peut avoir avec lui, rien non plus sur le fait qu’enceinte ou pas, c’est pareil : notre sexualité nous appartient, elle n’a pas à être normée, et que les seules choses qui comptent, c’est le désir et le consentement.

Quant à la suite... qui vivra verra. Pourtant, j’ai peur que mon corps ne soit plus jamais ce qu’il a été. Que tout ne se remette pas en place correctement, et qu’on ne retrouve pas la complicité qu’on avait avant. J’ai peur de me retrouver béante et déchirée. Mais j’essaie de relativiser. S’il y a bien un truc que j’ai appris en étant enceinte, c’est qu’il y a des moments de la vie où il faut avancer un petit pas à la fois."

- Almira

***

Témoignage 8, extrait : 

"Les suites de couches interrogent forcément la sexualité par le biais de tous ces facteurs. Les médecins donnent un délai de trois à quatre semaines avant de reprendre les rapports, notamment pour éviter les infections. Il vous sera spontanément proposé une pilule et, pareil, il faut de la chance et être dans une maternité avec un personnel ouvert pour se voir proposer autre chose. Pour ma part, j'ai réclamé un retour au stérilet qu'on m'a posé six semaines après l'accouchement. À celles qui se sont vu dire « Non, c'est trop tôt. » ou « On attendra le retour de couches pour vous le remettre ! », c'est faux. Puisque j'allaitais, je n'ai eu mon retour de couches que huit mois après et, sauf contre-indications vraiment médicales, il n'y a aucune raison d'attendre. On touche là au manque d'informations sur la contraception, augmentant les probabilités de prise de risques des nouveaux parents (coucou le bébé surprise !) ou encore le mal-être de se voir imposer une contraception qu'on refuse. Alors que nous sommes des personnes en pleine possession de nos moyens, libres de mener notre sexualité comme on l'entend, de fausses informations circulent et entravent nos choix."

- Y.

***

Témoignage 9, extrait : 

"Un an après, je retombais finalement enceinte, alors que je n’y pensais plus, alors que je me disais que j’allais sûrement reprendre la pilule car l’année qui allait venir ne serait pas une bonne période professionnellement pour gérer une grossesse et un tout jeune bébé. J’ai eu très peur de refaire une fausse couche, et finalement, pendant les premiers mois, j’ai préféré mettre de côté mon statut de femme enceinte, même dans ma tête, et j’ai eu la chance de n’avoir presque aucun signe de grossesse. À ce moment-là, j’ai aussi rencontré un nouvel amant, un homme qui a été très compréhensif, à qui j’ai dit les choses telles quelles. Nous avons pu partager des moments de jeux très agréables. Mais je me souviens aussi de ce moment où, une fois, alors que nous étions pour la première fois dans une chambre d’hôtel à deux, je suis partie très vite à cause d’une frayeur, une marque de sang sur les draps. Il a compris que je veuille retrouver les bras de mon conjoint."

- L.

***

Témoignage 10, extrait : 

"Une nuit, alors qu’on s’endormait, elle me dit : 
« J’ai peur que tu me quittes pour ça.
- Pour ça quoi ? 
- Parce que je n'ai plus envie de sexe…
- Parce que tu n'as plus envie ? 
- Non… mais c’est pas toi hein, juste je n'ai plus envie, je pense tout le temps au bébé. Je n'ai rien d’autre dans la tête et mon corps n’a plus aucune envie, aucun désir… 
- Ok, mais ça reviendra peut-être… ? 
- Peut-être… 
- Je ne veux pas que tu te forces pour me faire plaisir. L’amour, c’est le corps et l’esprit.
- Je sais, mais ces dernières années, mon intimité a trop été manipulée par des docteurs et tout, je n'ai plus envie qu'on me touche.
- Je comprends, ne t'inquiète pas pour ça. »
Nous nous sommes regardés et nous nous sommes embrassés comme des adultes.

J’avoue avoir vrillé un instant. Nous étions un couple très actif sexuellement pendant plusieurs années et je me demandais si on retrouverait cet appétit, ou alors, au fond de moi, je sentais que ça ne serait plus pareil.

On peut se demander alors si on se sent de passer toute une vie avec une personne que l’on aime mais avec laquelle on n’a plus de relations sexuelles. Je n’ai pas réfléchi plus longtemps, je l’aime et je resterai avec elle jusqu’à ce qu’elle ait de nouveau envie ou pas, nous nous aimons pour tant d’autres raisons."

- C.

***

Témoignage 11, extrait : 

"Je suis sous la douche et je prends le temps, pour la première fois, de toucher mon corps. Par endroits la peau est distendue, je me demande si ça reviendra. Je n'ai pas de vergetures. Entre mes jambes, un filet de sang épais. Les pertes postaccouchement sont sensiblement différentes des règles. C'est plus sombre et il y a plus de morceaux. Je regarde ma main pleine de gel douche et j'hésite. J'ai encore la sensation du trou béant qui ne s'est pas refermé. Et si je me rendais compte que c'était vrai ? Au diable l'hygiène, je n'ai pas le courage de vérifier. Le trou n'existe pas si je ne suis pas au courant. J'ai un vagin de Schrödinger. Et si je l’ignore, il me fait un peu moins peur. Je mettrai des semaines à me toucher seule. Même après la pénible reprise du sexe. J'ai honte mais il faudra une bonne année avant que je me masturbe à nouveau.

Trois ans plus tard, je suis dans la chambre d’une colocation de Nanterre. J’ai eu un deuxième enfant. Je suis avec cette fille, elle est belle. J’ai envie d’elle mais son corps me rappelle ce que je ne suis plus. Je me vois difforme, comme une insulte à sa jeunesse. Je repousse parfois sa main pour ne pas qu’elle se rende compte, qu’elle touche mes seins amollis par l’allaitement, mes tétons assombris, les vergetures qui sont apparues finalement. Je préfère l’amour dans le noir. La première fois, j’angoisse à en pleurer, à en avoir mal au ventre. Et puis, avec le plaisir, j’oublie. Au bout de quelques mois, je nous vois différentes, mais la douceur de son regard m’apaise."

- Lucile

***

Témoignage 12, extrait : 

"L’accouchement et ses suites sont un peu loin maintenant, mais je crois que mon corps était encore un peu douloureux durant environ deux semaines. Cependant, dès que cela m'a semblé possible, nous avons pu reprendre des actes avec une pénétration vaginale. Tout doucement au début, ce qui m’a appris à bien m’écouter, puis progressivement, nous revenions à nos anciennes habitudes. J’ai été très étonnée, après mon accouchement, de la rapidité de mon corps à s’en remettre, mais surtout, de constater que physiquement, je ne ressentais guère de différence. Mes sensations habituelles sont vite revenues, et le plaisir était à peine différent.

Toutefois, si mon périnée n’a pas semblé très perturbé par l’accouchement, si nos actes étaient toujours les mêmes, la fatigue nous a rapidement empêchés de revenir à notre fréquence d’avant la grossesse. De deux à trois fois par semaine, nous sommes passés à deux ou trois fois par mois. Curieusement, cela ne me pose aucun problème, car le plaisir est alors bien plus fort dès que nous avons la possibilité de faire l’amour. Nous faisons (beaucoup) moins souvent l’amour, mais psychologiquement, c’est bien plus fort, et le plaisir émotionnel est très important.

Ainsi, contrairement à ce que je redoutais, physiquement, je n’ai pas remarqué de différences entre avant / après ma grossesse, mais au contraire, nous avons gagné en rapprochement émotionnel durant l’acte. Et finalement, c’est bien mieux qu’avant ! (En espérant que cela dure longtemps !)"

- Elizabeth

***

Témoignage 13, extrait : 

"J’ai également quitté le père de mes deux petits, car l’entendre dire : « Tu t’habilles trop court, quand même, avec les petits ; c’est pas classe. », « Tu es encore en pyjama ? » et ne plus l’entendre dire : « Tu es belle. », « J’ai envie de toi. » me faisait perdre toute confiance.

J'ai ensuite (encore) rencontré un homme, avec qui je n’ai pas eu d’enfant. Quelqu’un qui m’a laissé m’exprimer sexuellement, avec qui tout allait bien, jusqu’au jour où mon rôle de maman a encore tout flouté. Encore les mêmes phrases : « Tu es maman, il y a des choses qui ne se font pas. »

Je ne comprends pas : j’aime le sexe, j’aime les femmes, j’aime les hommes, j’aime me sentir désirable. Pourquoi la bien-pensance devrait nous cantonner à nous priver ? Je ne suis donc pas restée avec cet homme.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’être une mère, mais également la femme que je suis et depuis, je compose très facilement avec ma vie professionnelle, ma vie de maman et ma vie sexuelle, je suis heureuse et épanouie, mes enfants le sont également."

- G.

***

Témoignage 14, extrait : 

"Je crois que je n’y réfléchissais même pas. Mon corps, ma tête étaient en veille. Des études prouvent sûrement que tout ceci s’explique scientifiquement, par les hormones, par des réflexes anciens dont l’objectif est clairement établi (même s’il existe sûrement des personnes qui n’ont pas vécu cette période de la même façon). Mais ça ne m’a jamais pesé, jamais inquiétée. Je savais que ce ne serait qu’une phase et j’ai la chance d’être bien accompagnée par quelqu’un qui a compris et m’a laissé revenir tranquillement vers lui, à mon rythme.

Et c’est ce qui s’est passé, ça a pris un peu de temps mais je suis progressivement redevenue moi-même, avec le même rapport à la sexualité qu’avant : simple, apaisé, pour le plaisir. Je me souviens encore d'avoir eu le sentiment qu’une page s’était tournée quand je suis sortie de mon dernier rendez-vous de rééducation périnéale. Désormais, je n’enlèverai mes sous-vêtements que par envie et non plus par nécessité."

- Chloé

***

Témoignage 15, extrait : 

"Tout d’un coup, tout un corps devient mystérieux : quand étaient mes dernières règles ? Combien de temps durent-elles ? Est-ce que je connais mon groupe sanguin ? Est-ce que mes veines sont plus belles dans mon bras droit ou mon bras gauche ? Est-ce que j’ai toujours eu cette petite boule dans mon sein ?

Pendant un moment, c’est presque rigolo. On apprend, on s’apprend l’une l’autre : ah, on est du même groupe sanguin ! Nos veines du bras droit sont les meilleures, mais celles de mon bras gauche tiennent la route, alors que les siennes, non. Et mes cycles sont légèrement plus longs que les siens, elle prend de l’avance, il faudra qu’elle prenne la pilule pour m’attendre !

Mais aujourd’hui, son corps est devenu un carnet de santé ambulant : où que je pose les yeux sur son corps, des informations médicales me reviennent en mémoire. Je n’admire plus ses « minichons » (mini-nichons) mais je vois la date de la mammographie ; je ne reconnais plus son odeur mais je sais à quel jour de son cycle nous en sommes ; je ne me perds plus dans les boucles de son pubis mais je m’interroge sur le délai pour obtenir les résultats du frottis ; je ne caresse plus du bout du doigt « le chemin des dames » sur son ventre, mais je dessine la carte des futures piqûres d’hormones que je devrai lui administrer."

- Élodie

***

Témoignage 16, extrait : 

"J’avais pris le temps de m’approprier mon corps modifié par les grossesses et les accouchements. D’accepter ses défauts : des vergetures sur les seins, des cicatrices, le bout d’hymen qui, déplacé lors de l’accouchement, sort désormais du vagin… D’être fière de ce qu’il avait été capable de faire aussi : deux grossesses menées à terme, des accouchements physiologiques, sans médicalisation, un allaitement… La rééducation du périnée par la méthode CMP (connaissance et maîtrise du périnée) m’a permis de prendre vraiment conscience de celui-ci, de son fonctionnement, de retrouver la maîtrise de mon corps. Je l’ai vraiment vécue comme un empowerment. Aujourd’hui, je me connais mieux qu’avant les grossesses.

Et physiquement, mon amoureux aussi. Il a assisté à tous les changements. Il a été à l’écoute des douleurs, des envies différentes, des conséquences de la maternité sur moi. Je n’ai plus de complexes vis-à-vis de lui, plus de petites timidités, coquetteries ou dissimulations. Il a déjà tout vu de mon corps. J’ai l’impression que notre sexualité a été débarrassée du superflu."

- Laura

***

Témoignage 17, extrait : 

"À ce moment-là, ma femme a fait une dépression (dépression post-partum). Une vraie descente aux enfers pour elle et pour moi. Là où toute la famille exige que ce soit le plus beau moment de notre vie de couple, rien ne va plus… Ma femme va très mal, elle-même ne comprend pas ce qui lui arrive, son médecin tente de l'aider mais je vois bien que les moyens et le savoir à ce sujet sont assez limités. Durant plusieurs semaines, je vis un cauchemar, je n'ai aucun moyen d'aider ma femme, je suis impuissant à ce mal invisible. Je prends en charge toutes les nuits du bébé, les biberons et les couches, en allant travailler la journée avec un sourire d'usage au bureau. Qu'est ce qui se passe ? C'était censé être le bonheur et là, c'est un cauchemar.

La sexualité après l'accouchement est toujours au niveau zéro : d'une part, il faut laisser une à deux semaines après l'accouchement pour reprendre une activité sexuelle et en ce moment, ni moi ni ma femme n'éprouvons la moindre envie.

Une fois touché le fond, on a commencé à remonter à la surface, ma femme comprend peu à peu qu'elle est capable de s'occuper du bébé, qu'elle est parfaitement à la hauteur. On sait maintenant, un an après, que c'est la cause principale de ce qui a fait basculer ma femme dans une terrible dépression : la peur de ne pas être à la hauteur. Je ne doute pas que l'image de la femme (idéale) dans notre société ait sûrement contribué à cela."

- Cédric

***

Témoignage 18, extrait : 

"Souffrance lancinante, j’ai fait un enfant et je le regrette. Comme presque toutes, je l’aime et je continuerai à faire avec, et je me réjouis d’un tas de trucs, de voyager avec, d’être complice avec, de rire avec, et de tous ces trucs qui sont déjà là et qui vont devenir encore mieux, encore plus intéressants, encore plus nourrissants. Mais il y a un poids sur mon estomac qui m’empêche de me voiler la face. J’étais pas faite pour ça, et la liberté que j’ai abandonnée me coûte très cher. J’aime mon gosse, évidement, mais comme Anémone, je me dis « la vie file et ce n’est pas la vôtre », et ça me réveille la nuit."

- Coline

***

Illustration par Shetty.

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